Le titre « Corpus für alle Delicti » est une phrase que l’on peut lire sur les corbeilles à déchets de l’espace public à Berlin. Elle appartient à une série de jeu de mots dela communication visuelle de la BSR – l’entreprise berlinoise de ramassage des ordures.
Un fait divers relatait que la pièce à conviction d’un crime – un pistolet – avait été trouvé dans une poubelle du quartier de Neukölln. L’incident aurait donc inspiré l’épigraphe.
Ces images forment un corpus de traces et de rebuts appartenant à notre environnement urbain. Un corpus pour toutes sortes d’occurrences, les images ne fournissant pas d’informations sur les histoires de ces objets dénués de toute nécessité et fonction. Chaque photographie est une narration silencieuse qui laisse l’interprétation ouverte. Sous la forme d’une série, elles écbauchent une archéologie de l’éphémère dans l’épaisse strate matérielle du présent où les stigmates du négligé montrent poétiquement la façon dont nous habitons les espaces et les objets ; et d’une certaine façon, elles relatent du corps. Photographier ces signes révèle leur dimension graphique ou sculpturale – alors qu’en dehors de l’image, dans la continuité du temps, ce sont des agencements de contingences en lente transformation.
Ces images pourraient être des memento mori adressés à l’humanité car, finalement, qu’est ce qui survit à quoi ? les corps ou les détritus ?