tamesiologie

Tamésiologie est une collection de pseudo-minéraux de l’Anthropocène, cette nouvelle ère géologique où l’activité humaine et industrielle agissent sur l’écosystème ainsi que sur la formation géologique. Cet impact peut être perçu dans l’émergence de 208 nouveaux minéraux qui se sont formés durant les deux derniers siècles. L’apparition de ce qui est appelé les minéraux de l’anthropocène est « plus rapide que la cadence à laquelle la diversité des minéraux s’est développée durant la dernière grande formation il y a plusieurs milliers d’années de cela »*.

Se focalisant sur la strate la plus récente de cette ère géologique, Tamésiologie (du brittonic Tamesas, parfois appelé Tamisologie, Thamesology en anglais et Themsologie en allemand) étudie les rives de la Tamise à Londres où les marées révèlent cycliquement toutes sortes d’objets racontant l’histoire de la ville, de la plus ancienne à la plus récente. Des matériaux synthétiques et naturels issus de l’industrie et de la consommation sont glanés sur les plages du fleuve à marée basse, les échantillons étant choisis sur des critères esthétiques pour leur qualité d’abstraction. Résidus et objets jetés ou qui se sont retrouvés dans les eaux sont altérés par un mouvement naturel et commence à former leur propre minéralogie, imitant pafois les éléments natifs. Cette mimesis suggère que ces matériaux que nous pensons inertes, interagissent avec leur environnement et nous projette dans un futur proche où ils feront partie de la croute terrestre. Ce qui nous amène à questionner la dichotomie naturel / artificiel en observant la dynamique des matériaux anthropiques dans la nature, ce qui nous permet d’aborder le sujet de l’environnement d’un point de vue spécifique : celui de la matière.

La collection est montrée physiquement, classifiée par taxons et sous-groupes. Jusqu’à présent une centaine d’échantillons sont indexés en sept taxons (polymères synthétiques, bitume, métaux, agglomérats, terres cuites, etc.). En parallèle, chaque spécimen fait l’objet d’une reproduction photographique de haute qualité, au-delà de la taille réelle et au seuil de ce qui est visible à l’œil nu, agissant comme un exhausteur sur la perception de l’observateur qui peut ainsi s’adonner à un examen minutieux.

Les échantillons seront sujets à des analyses en laboratoire afin de savoir avec précision la composition ainsi que le temps de dégradation des différentes familles de matériaux, ce qui permettra de constituer des taxinomies plus précises accompagnées d’une description. Pour cela, je suis actuellement à la recherche d’une communauté scientifique avec laquelle développer ce projet. Ce qui permettra de voir comment chaque champ d’investigation peut contribuer à l’autre.

*Article in the New Scientist

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